• Blogues

5 novembre 2018

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Jean-Christophe Durand

Conseiller juridique volontaire

 

La relève générationnelle : un concept flou aux contours tangibles, une notion souvent employée mais peu définie. Et si elle était la clef d’une coopération internationale réussie ? La pierre angulaire d’un partenariat, d’un échange et d’une volonté commune de réussite, de progression et de développement.

 

Coopérant volontaire depuis plusieurs mois au Mali, je travaille quotidiennement auprès de la « relève générationnelle », une thématique qui est sans nul doute le cœur du projet Justice, prévention et réconciliation pour les femmes, mineurs et autres personnes affectées par la crise au Mali, plus communément appelé « JUPREC ». Depuis 2015, Avocats sans frontières Canada (ASFC), en consortium avec l’École nationale d’administration publique (ENAP) et le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), s’active sur plusieurs fronts à travers différents volets : de la lutte contre la corruption aux violences basées sur le genre, en passant par le litige stratégique et la justice transitionnelle, l’intégralité du projet se voit soutenue par de nombreux jeunes juristes provenant des quatre coins du Mali.

 

 

Candidate au concours de plaidoirie organisé par TRIJEUD et soutenu par JUPREC

 

Fort du lien de confiance qui unit le projet JUPREC aux jeunes maliens et maliennes, le soutien à la relève générationnelle revêt différentes facettes, se concrétisant autant par la collaboration que par la formation. Il consiste en la sensibilisation, la formation et le suivi auprès des jeunes juristes du Mali. La relève générationnelle est l’expression et l’incarnation d’une volonté de changement de la part de la population malienne, mais surtout, elle est l’espoir d’aujourd’hui et la voix de demain.

 

Insertion professionnelle et sensibilisation aux droits humains sont autant d’objectifs que l’appui aux jeunes par le projet JUPREC s’est fixé. À ce jour, c’est plus de 60 jeunes juristes qui gravitent autour du projet et qui bénéficient du soutien et des activités de renforcement de capacités des acteurs de ce dernier.

 

Œuvrant depuis plusieurs années avec La Tribune Jeunes pour le Droit au Mali (TRIJEUD) sur un renforcement des capacités dans le cadre de leurs activités, notamment le concours de plaidoirie annuel qu’ils organisent, l’équipe du projet JUPREC s’est également attelée à un programme de formation juridique poussé auprès de jeunes triés sur le volet. En plus de se voir octroyer des cours complets en vue des concours d’avocat et de la magistrature, les jeunes suivis par JUPREC sont placés, durant 12 mois, dans différents cabinets d’avocats et autres organisations partenaires, telles que Women in Law & Development in Africa (WILDAF), pour ne citer qu’elle.

 

 

Le jury du concours de plaidoirie, ainsi que le président de TRIJEUD et les 16 candidats retenus pour les joutes oratoires.

 

Qu’est-ce qu’un combat pour la paix et le respect des droits humains sans une relève pour poursuivre la lutte ? La stabilité de demain au Mali passe par une sensibilisation des jeunes aujourd’hui. Chacun a des aspirations professionnelles différentes, mais tous ont le même objectif : faire du Mali un État de droit où l’impunité n’a pas sa place, un État de droit où la corruption passe de la normalité à l’illégalité, et surtout, un État dans lequel l’être humain a des droits et peut les revendiquer. Qu’ils deviennent avocats, magistrats, activistes, membres ou dirigeants d’ONG, l’objectif du programme « relève générationnelle » est de sensibiliser les jeunes juristes de la société malienne, afin qu’ils se sentent tous concernés par le combat que mènent actuellement les acteurs du projet JUPREC et toute la communauté juridique du Mali : la défense des droits humains.

 

Tandis que la seconde cohorte, placée en stage au cours de l’année 2017-2018, s’est vue offrir plusieurs opportunités, une troisième cohorte commence activement son apprentissage professionnel. En parallèle, loin de rester inactifs, plusieurs membres de la première et seconde cohorte se sont réunis pour fonder l’organisation Terre de Justice, afin de poursuivre cet élan de changement au sein de la population malienne.

 

Issa Doumbia, jeune juriste membre de la relève générationnelle témoigne : « Le projet JUPREC a orienté ma vie et m’a apporté un accompagnement que je n’aurais pu trouver nulle part ailleurs au Mali ». Aujourd’hui auditeur de justice à Bamako, les réussites comme celle d’Issa sont l’essence même de la motivation d’ASFC.

 

 

Quatre jeunes juristes de la relève générationnelle du projet JUPREC reçus au concours de la magistrature du Mali. 

 

L’équipe du projet JUPREC poursuit son travail de renforcement de capacités avec la création de la Ligue des juristes pour la paix et le respect des Droits Humains (LJDH)-Mali. Ce programme, lancé début octobre 2018, a pour objectif, en plus d’accroître les connaissances juridiques des juristes, de développer des aptitudes pratiques dans d’autres disciplines. La gestion de projet, la communication, mais aussi le droit international humanitaire, les violences basées sur le genre ou encore la gestion de budget et l’anglais seront autant d’atouts favorisant les chances d’insertion professionnelle de ces jeunes diplômés dans un pays où les concours d’accès aux professions juridiques ne sont que trop rares.

 

Sur l’auteur 

 

Jean-Christophe Durand est conseiller juridique volontaire au Mali au sein du projet Justice, prévention et réconciliation (JUPREC). Ce projet est mené par Avocats sans frontières Canada (ASFC) en consortium avec l’École nationale d’administration publique (ENAP) et le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI). Le projet est réalisé avec l’appui du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.